LE CHANT DES OUVRIERS
LE CHANT DES OUVRIERS
Nous dont la lampe, le matin
Au clairon du coq se rallume
Nous tous qu’un salaire incertain
Ramène avant l’aube à l’enclume
Nous qui des bras, des pieds, des mains
De tout le corps luttons sans cesse
Sans abriter nos lendemains
Contre le froid de la vieillesse.
REFRAIN
Aimons-nous, et quand nous pouvons.
Nous unir pour boire à la ronde.
Que le canon se taise ou gronde.
Buvons (ter).
A l’indépendance du monde !
Nos bras sans relâche tendus.
Aux flots jaloux, au sol avare.
Ravissent leurs trésors perdus.
Ce qui nourrit et ce qui pare .
Perles, diamants et métaux.
Fruit du coteau, grain de la plaine .
Pauvres moutons, quels bons manteaux.
Ils se tissent avec notre laine !
Quel fruit tirons nous du labeur .
Qui courbe nos maigres échines ?
Où vont les flots de nos sueurs ?
Nous ne sommes que des machines.
Nos Babels montent jusqu’au ciel..
La terre nous doit ses merveilles :
Dès qu’elles ont fini le miel.
Le maître chasse les abeilles..
Mal vêtus, logés dans des trous,
Sous les combles, dans les décombres
Nous vivons avec les hiboux
Et les larrons amis des ombres ;
Cependant notre sang vermeil
Coule impétueux dans nos veines ;
Nous nous plairions au grand soleil,
Et sous les rameaux verts des chênes.
A chaque fois que par torrents
Notre sang coule sur le monde,
C’est toujours pour quelques tyrans
Que cette rosée est féconde ;
Ménageons le dorénavant,
L’amour est plus fort que la guerre ;
En attendant qu’un meilleur vent
Souffle du ciel ou de la terre.
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